Réçit du concert ...

Samedi 14 septembre, 17 h 35 environ, on débarque au Flanders Expo de Gand où aura lieu le concert tant attendu de Metallica. Je suis un peu inquiet : on a pas de tiquet pour rentrer ! Fredje, au volant de la BM, est plus optimiste. La dernière fois qu'il est allé voir Metallica (à Werther), il a acheté son billet en noir à l'entrée, et il ne l'a payé que 200 balles de plus que le prix normal ... Mais ici, j'ai un mauvais pressentiment, qui a tendance à se confirmer lorsque l'on passe en voiture à travers d'une horde de chevelus brandissant des pancartes "Nog EEN ticket nodig ...". Ben merde ! On n'est pas tout seul à être venus en touriste ! Ça va pas être simple de rentrer ...

On va donc garer la voiture, et on se met à la recherche de tickets. On trouve un premier vendeur : 5000 balles. On est fan, mais là, c'est un peu cher pour nous ! On a même pas assez d'argent sur nous pour payer ce prix-là. On poursuit donc nos recherches. Une place à 1500 nous passe juste sous le nez. Pas de bol ! On commençait à désespérer lorsque Fredje trouve une place à 2500 francs. C'est cher, mais on la prend quand même. Il nous en manque encore une ! Ce serait con de ne pas pouvoir rentrer à deux. Quelques instants plus tard, on en trouve une seconde, au même prix. Je largue mes derniers billets, et empoche ma place. Ouf, il s'en est fallu de peu, il est 18 h 20, et les portes sont déjà ouvertes ...

On vient d'écouler nos derniers biffetons. Nous voilà sans le sous, et on doit encore payer le parking (100 balles). En raclant nos fonds de poches, on trouve assez de monnaie. Il nous reste en tout 35 francs, à deux, pour se payer à boire et à manger ... La soirée va être longue ! Heureusement, Fredje à 24 bouteilles de Vichy Célestin dans le coffre de sa voiture. J'ai l'impression de boire de l'eau de mer, mais c'est mieux que rien ! Quoi que ... !! En fouillant un peu, on trouve aussi 10 DM (Deutsche Marks). Il va falloir se débrouiller avec ça. Il n'y a pas de Mister Cash sur le site, et personne n'accepte VISA.

On trouve assez rapidement une échoppe où une brave dame, qui trouve notre histoire hilarante, nous vend deux hamburgers pour 5 DM. On ne mourra pas de faim ! On avale notre burger, et on rentre dans la file, la bouteille de Vichy sous le bras. Autour de nous, une faune assez homogène: longs, minces, chevelus ... Tous avec un T-Shirt Metallica. Tous des T-Shirts différents. En voyant ça, on se dit que Metallica à déjà bien vécu. Et de fait, ils jouent depuis plus de 15 ans déjà ! Tout en devisant gaiement, on arrive au poste de contrôle. Et là, le drame : on nous confisque notre inoffensive bouteille de Vichy ! ...

Nous voici maintenant dans l'antre de la musique. Autour de nous règne une effervescence toute particulière. Des gradins sont disposés sur trois côtés, autour d'un parterre au centre duquel se trouve la scène. Ou plutôt les scènes, car il y en a deux. La première, la plus grande, se trouve dans le fond, à l'endroit où il n'y a pas de gradins. La seconde, celle qui est la plus proche de nous, se trouve en face des gradins centraux. Vous pouvez essayer de vous imaginer la topographie des lieux en déchiffrant le dessin ci-dessous ... (je suis d'accord, le dessin n'est pas mon fort !).


Installés sur les gradins centraux, on a face à nous une scène digne d'un film de science-fiction. Des bras articulés genre "bras-de-la-navette-spatiale" entourent la scène carrée du fond. Ils supportent de gigantesques rampes de spots. La petite scène devant nous est plus ou moins hexagonale. Chaque face de l'hexagone est reliée à une face inclinée, en caillebotis. Deux espèces de pilones haute tension sont couchés de part et d'autre de cette scène. Et puis tout-à-coup, ils apparaissent, Hetfield, Ulrich, et les autres ... Dans le public, c'est le délire ! En face de moi, un type s'est mis torse nu ; il a un tatouage de l'image d'ici au-dessus sur l'épaule ... Ils commencent à jouer. Tout est parfait, on sent qu'ils n'en sont pas à leur premier concert ! Le jeu de scène est fabuleux : ils occupent à quatre l'ensemble de cet espace immense. Le début est bien, mais n'a rien de vraiment exceptionnel. On croirait entendre le concert de Mexico. C'est très chouette. Mais après 4 ou 5 morceaux, les choses changent, et là, ça devient vraiment exceptionnellement bon. Ce n'est plus seulement un concert, ça devient un véritable spectacle ! Tout bascule avec One ... Après le morceau précédent, ils disparaissent. L'éclairage se fait plus discret. Et puis les bruits des mitraillettes, dans le lointain. Tout le monde a immédiatement reconnu le morceau ! Premier tir de mortier, une explosion phénoménale sur la scène, à quelques mètres de nous. Je sent la chaleur des flammes sur mon visage ... Je me dis qu'ils sont fous, les pauvres gars, là-haut, au-dessus de la scène, doivent avoir les fesses en feu ... Et ça continue, en quelques secondes, on se croirait en plein champ de bataille ! C'est le Vietnam, ici, sous nos yeux. Et puis arrive la guitare, mélancolique ... et le morceau commence. Et puis là, on a l'impression que le temps s'arrête, on rentre entièrement dans l'ambiance de la chanson, on ressent exactement les émotions que ressent ce gars dont il ne reste plus rien. On sent progressivement monter la colère, et puis l'horreur et le désespoir ... Pff, je suis scié ! C'était vraiment fabuleux. Le reste du concert se passe sur le même ton. Après quelques morceaux, la scène de l'avant se transforme : les panneaux en caillebotis se lèvent pour former un espace scénique supplémentaire, les pilones haute tension se redressent, et une batterie sort du centre de la scène. Ils viennent tous les quatre jouer en face de nous. Les morceaux s'enchaînent les uns aux autres : jeu de scène, explosions, éclairage, tout y est pour laisser une impression de perfection. Premier rappel : c'est reparti pour une bonne demi-heure. Et puis, la scène s'effondre un gars prend feu et traverse toute la scène en courrant. Un autre tombe du plafond. Les pilones s'effondrent ... Il y a des explosions dans tous les coins ... c'est l'apocalypse ! La foule hurle, on en veut encore. Ils reviennent. Après quelques morceaux, c'est la sono qui lache. Les baffles pètent les uns après les autres. Ils partent. Deuxième rappel. Heureusement, ils ont quelques vieux amplis, et c'est reparti. Cette fois, ils jouent dans le fond de la scène, regroupés autour de la batterie. Quatre petite lampes sont tombées du plafond et les éclairent. C'est intime, sympa ... Il n'y aura pas de rappel supplémentaire. Toutes les bonnes choses ont une fin ! Une chose est sûre, on ne rateras plus aucun de leurs concerts !

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